Tchad : Arrestation des leaders

Réussit à museler l’opposition pendant des années, le président tchadien fait face aujourd’hui à un phénomène nouveau et  incontrôlable : la société civile en général et la jeunesse en particulier. A seulement quelques jours des élections présidentielles, plusieurs leaders de la société civile sont privés de leur liberté.

Ce jeudi 31 mars 2016, le quartier Ndjari de la ville de N’Djamena qui abrite le palais de justice était quadrillé par la police. Armés, comme d’habitude, les policiers nous regardent en chien de faïence. La salle d’audience sans microphone et pas assez grande ne pouvait contenir des centaines de personnes qui avaient fait le déplacement.

Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Libérez-les » sont partout devant le palais de justice par un grand nombre de jeunes dont la police empêche l’entrée dans la cours. Une vieille dame, âgée entre les 75 ans entonne un chant devant la police qui barricadait le passage. Un chant que je ne comprenais pas le dialecte, mais ayant l’air déterminé et ou de libération (j’avais eu de frissons en ce moment-là). La lutte semble être commune dorénavant au Tchad !

A l’intérieur, nous avions réussis à trouver des feuilles vierges et écrire la même phrase, distribuée même dans la salle.

Mahamat Nour Ibédou, Younous Mahadjir Gabriel, de la coalition « ça suffit » Celine Narmadji porte-parole du collectif « Trop c’est trop » et  Nadjo Kaina, porte-parole du mouvement « Iyina » (en arabe tchadien qui signifie nous sommes fatigués) sont arrêtés les 19 et 21 mars 2016 pour avoir préparé une marche contre la candidature du président tchadien aux élections du 10 avril prochain. Une marche pourtant pacifique est qualifiée de trouble à l’ordre publique par le régime qui, depuis quelques semaines souffre de la maturité du peuple tchadien, très engagé et ferme quant à l’alternance au pouvoir (journées sifflet citoyen, villes mortes, marches).

Le président tchadien, connu par ses méthodes drastiques continuent par saboter aux yeux de la communauté internationale les règles fondamentales de la démocratie et des droits humains dans son pays.

Les douleurs et les colères, des frustrations accumulées poussent la société civile à réfléchir, créant ainsi des mouvements de contestations, des cadres de réflexion sur des perpétuels problèmes que vivent les tchadiens depuis que le monde est monde. S’unir… parce qu’ensemble on n’est jamais seul ! Mais le régime d’Idriss Déby refuse de fléchir.

Nous étions nombreux ce jour-là à porter des habits noirs, signe de sa mauvaise gouvernance et de sa démocratie voilée. Nous voudrions lui montré notre énième indignation. Notre détermination et soif de l’alternance.

Au cours de cette audience dont l’issue est déjà connue, Nadjo Kaina qui, commence à peine la parole a eu une immense ovation du public. Fâché, le président du tribunal renvoie le public, vide la salle et renvoie l’audience pour la semaine suivante. Le public sort en chantant l’hymne nationale, la tchadienne. Suivi des leaders, qui nous salut, l’air en bonne santé avant d’entrer dans le bus qui les ramène à la prison de amsinéné, à la sortie nord de la ville de N’Djamena.

Il est clair que le régime MPS, en cours de stratégie cherche à maintenir les forces vives du changement dans le cachot jusqu’à ce que les élections prennent fin.

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