Mon retour au pays
– Max-Landry Kassaï, 29 May 2017
C’était pour moi un grand ouf de rentrer au pays, car j’en avais assez des tracasseries du refuge.
J’étais rentré un soir vers 18 heures, au moment où le pays commençait à se remettre peu à peu de la crise la plus cruelle de son histoire. J’étais rentré trouver tous ceux que j’avais laissé : mes parents, mes amis, mes connaissances. Leur regard témoignait le poids de la souffrance, des douleurs et des peines endurées durant la crise. Aussi, beaucoup de personnes y ont perdu la vie, et bon nombre des biens matériels y ont été détruits.
Je devais accepter la situation du pays et essayer de m’y adapter. Ainsi, je devais me trouver une activité pour occuper mon temps. J’ai commencé comme reporter au journal l’Agora où j’ai participé activement aux préparatifs des élections présidentielles et législatives qui ont abouti au retour à l’ordre constitutionnel. De là, j’ai créé mon blog pour essayer d’atteindre un grand public ou élargir la visibilité de mes activités journalistiques.
Cependant, mon gain mensuel ne permettait pas de vivre de mon activité, comme je gagnais entre 18 à 20 dollars la semaine. De ce fait, j’étais tenté de trouver mieux à ailleurs. Et, j’ai ensuite trouvé du travail à IRAD qui est une ONG nationale sous-traitant avec OXFAM. J’ai été retenu en tant que coordonnateur d’hygiène. Ma tâche principale était de coordonner les activités de vidange dans les différents sites des déplacés de Bangui où des latrines ont été construites aux fins d’aider les déplacés à y faire leurs besoins et d’éviter par la même occasion la propagation des épidémies tel que le choléra. Donc, nous faisons le soin régulier des latrines de sorte qu’elles ne point remplies pour empester les lieux. En plus de cela, nous faisons des vidanges privées pour répondre aux besoins des particuliers, comme nous étions la seule structure à œuvrer dans ce domaine. J’ai démissionné pour des raisons que je n’évoquerais pas ici.
J’ai beaucoup appris des déplacés, quand ils se mettaient à raconter les drames qu’ils ont subi et les difficultés qu’ils ont à tourner la page de leur histoire. Certains ont presque tout perdu, n’ayant aucunement plus d’attache dans cette vie, surtout ceux qui viennent notamment de Boying, de Miskine voire de KM5 qui étaient des quartiers sous hautes tensions communautaires. Les femmes sont visiblement les plus vulnérables, vu qu’elles sont obligées de se nourrir de la rue au moyen de la prostitution. J’ai été déchiré par le récit d’une femme qui, pour nourrir sa famille, peut faire passer les hommes pour une somme de 100 F CFA. C’est ainsi que les maladies sexuellement transmissibles s’y propagent facilement.
Par ailleurs quand j’étais reporter à l’Agora, nous faisions des descentes régulières au KM5 pour des activités de réconciliation et de cohésion sociale en compagnie du ministre de la sécurité publique. Et des frères musulmans qui étaient sincères et soucieux de leur pays, venaient nous dire en coulisse que ces mêmes autorités qui viennent nous embrouiller avec l’histoire de la réconciliation, viennent nuitamment nous donner des armes pour maintenir l’instabilité afin de prolonger leur mandat. C’était évidemment les autorités de la transition.
Mais, je me suis posé la question de savoir comment un dirigeant peut-il trouver du plaisir dans le massacre de sa population ?
Il n’y a rien de plus inhumain que d’agir ainsi : soulever une communauté contre une autre pour se maintenir au pouvoir. Et ce jeu marche si bien que les centrafricains se s’entredéchirent bêtement au motif que notre communauté est marginalisée et patata…
Or, tous ces maux tirent les origines dans la mauvaise organisation de notre société quand le politique ne favorise pas l’égalité de tous devant les services publics de l’Etat, l’intégration de toutes les communautés dans le processus du développement national. On a de tous les côtés des parents musulmans ou chrétiens, et la vraie guerre de religion devait commencer dans nos foyers respectifs. Il en n’était pas le cas, seulement les gens se cachent derrière ces identités communautaires pour pousser notre peuple au grand génocide. Et c’est dommage que cela soit le cas dans plusieurs sociétés africaines. Je suis fol amoureux de mon pays et le pur-sang républicain coule dans mes veines. Je ne peux donc pas être indifférent de la gestion de mon pays.
Je tiens pour ce faire entreprendre, en commençant par le bloging, pour ensuite développer les activités maraichères et de l’élevage des poulets de chairs.
Nous avons pour l’instant commencé les activités de maraichage et nous nous sommes mis en association dénommée ACLUP (Action Concrète de Lutte contre la Pauvreté) ; et j’espère que cela aiderait à lutter contre le chômage qui est le plus grand mal centrafricain.
Le bloging ou l’écriture est une grande passion pour moi. Cela m’aide à réfléchir et à m’exprimer librement sur les maux de ma société. C’est aussi un moyen de partage de mes idées, mes convictions. Mais, je dois aussi penser à commencer vivre de mon blog.
Il est ouvert à tous les amis et ce serait pour moi intéressant que les amis y postent leur commentaire.
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