Etre jeunes en temps de contrainte: Conférence finale des chercheurs néerlandais et centrafricains

– Max-Landry Kassaï, 21 mai 2018

Le jeudi passé dans la salle de conférence de l’Alliance française de Bangui s’est tenue la conférence finale des chercheurs des de l’Université de Leiden et ceux de Bangui sur la situation de l’enfant soldat , à laquelle ont pris part la représentante de l’Unecef Bangui et son équipe, ainsi que la  Directrice de l’Unicef  Néerlandais.

La conférence a commencé par la projection d’un film documentaire «  En conflit » réalisé par les chercheurs précités,  avec la participation active des  enfants  démobilisés.  Ce film est le fruit d’une coopération entre les deux universités  née en  août 2016.

Les activités des chercheurs retracent le vécu des enfants soldas et les différentes étapes de leur réintégration dans la société. Il a permis de dégager les enjeux de travail des partenaires de l’enfance  notamment l’Unicef qui, dans une certaine mesure, essaie de couvrir la faiblesse de l’Etat  qui en principe, est le premier responsable de protection de l’enfant.

Il faut savoir que le processus de démobilisation d’un enfant soldat est complexe. D’abord, l’on doit se rapprocher de l’enfant, c’est-à-dire  aller  auprès des  « comzones » qui les détiennent  et  négocier leur libération. Et cela avec beaucoup de difficultés car souvent, ces derniers exigent de l’argent  et bien d’autres choses  pour laisser partir l’enfant.

Une fois l’enfant libéré, l’on démarre une nouvelle phase qui commence par une prise en charge psychologique et autres traitements analogues pour le  rééduquer et le préparer à reprendre une vie normale. Après,  avec le soutien de  l’Unicef  et ses partenaires comme la Caritas, on cherche à orienter l’enfant vers un métier  grâce à une formation professionnelle choisie.

Or, la difficulté est que les formations professionnelles données aux enfants pour tendre vers un métier  sont incomplètes, comme elles durent seulement trois mois ; et c’est impossible qu’une formation qui dure généralement trois ans puisse  être bien  assimilée  en trois mois  de cours. Il y a là une grande faille…

Aussi, Unicef forme et abandonne les enfants au milieu de la route quand il ne les accompagne pas jusqu’au bout,  afin de  les aider à se réintégrer effectivement. Une fois la formation finie, l’enfant est abandonné à lui-même sans suivi véritable, ne pouvant décrocher un emploi avec  son pauvre certificat et son inexpérience. De là, il chôme et est  souvent tenté de retourner aux armes, de retomber aux mains de ses «  comzones ».

Parfois, Unicef essaie de donner aux enfants des matériels de travail  pour la mise en place de leur petite  entreprise individuelle, par exemple des machines à coudre pour le  cas de la couture . Mais au finish, ces matériels sont tout simplement vendus par les enfants et  l’entreprise disparaît aussitôt, soit parce que l’enfant  n’a pas bien maîtrisé le métier ( à a cause de sa courte durée), soit parce que le métier est mal choisi quand les  risques et opportunité de l’activité ne sont pas évalués, quand une étude du marché n’est pas faite préalablement. Ainsi, les choix des métiers doivent prendre en compte les réalités économiques de chaque localité, la force de son activité et les facteurs positifs à capitaliser.

Par ailleurs, l’idée est de savoir comment aider à la réintégration des enfants enrôlés mêmes en temps de conflit, et comment aider ces enfants à ne pas retomber dans les violences. Il s’agit  là d’une part  de demander aux parents de l’enfant  ainsi  qu’à sa communauté d’origine de protéger l’enfant, de le garder avec soi, de crainte qu’il ne retourne  dans les  groupes armés. Car  les enfants démobilisés ont besoin d’un « réseau social sécurisé ». Et d’aucuns se posent la question de savoir  si l’intégration dans un contexte d’insécurité  perpétuel est-elle possible ? D’autre part, l’Etat doit s’engager à prendre la relève, à  défendre et à protéger les enfants. Par conséquent, une autre question a été posée, celle de savoir que deviendront les enfants  en guerre si l’Unicef n’est  pas là ?Donc, la solution véritable pour l’épanouissement de l’enfant c’est un climat de paix, d’amour, d’unité nationale.

Ces travaux de recherches  veulent  tendre vers des solutions durables de réintégration. Ainsi, les chercheurs  essaient de se poser un certain nombre de question pour comprendre le mobile d’enrôlement d’un enfant, le pourquoi de son retour dans un groupe armé, les faiblesses de l’accompagnement de l’Unicef,  le rôle des parents biologiques de l’enfant  et de sa communauté dans cette lutte permanente qui doit  l’aider  à échapper à la violence… Après les travaux du terrain, et suite à cette conférence- débat où les partenaires de l’enfance tels que Unicef, Caritas, Don Bosco et les enfants eux-mêmes, ont largement échangé sur les défis à relever et les acquis à préserver, une série de recommandations ont été faites et vont servir de pistes de solutions, des perspectives d’avenir à prendre en compte.

Par ailleurs, un extrait de mon livre (la tragédie de la nation débile qui sort bientôt)  a été lu pendant cette conférence, en rapport à la génèse de toutes crises connues dans le pays.

Enfin, le film projeté servira de moyen de mobilisation et sensibilisation pour la cause de l’enfant centrafricain meurtri par la guerre.

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