Afrique/CPI : Le syndrome de Stockholm

Le syndrome de Stockholm, inventé en 1973 par le psychiatre Nils Bejerot, désigne un phénomène psychologique où des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers développeraient une sorte d’empathie, voire de sympathie ou de contagion émotionnelle avec ces derniers selon des mécanismes complexes d’identification et de survie.

Le 11 octobre 2015, l’Afrique du Sud par la voie de l’ANC (African National Congress), le parti au pouvoir menace de quitter la Cour Pénale Internationale. Ceci, suite à une plainte de la justice sud-africaine d’obéir au mandat d’arrêt international qui pèse sur le Président soudanais Omar El-Béchir. Accusé de crime de guerre, de crime de génocide dans son pays. Le parti au pouvoir sud-africain s’y est opposé. Il y avait eu ainsi donc un bras de fer entre l’ANC et la justice sud-africaine. La déclaration de l’ANC est politique. Quant à la justice sud-africaine, elle est indépendante même si pas mal d’africains sont indignés.

Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les Chefs d’Etat africains sont les êtres les plus abominables au monde, non jamais. C’est pourquoi je ne partage pas l’idée selon laquelle les africains disent haut et fort que la Cours Pénale Internationale (CPI) s’acharne sur les présidents africains. Nombres des africains montent en créneau pour critiquer l’Occident d’être le gendarme du monde. Pourquoi accepter les observateurs occidentaux lors de nos élections ? Pourquoi accepter les financements de nos élections par la communauté internationale si nous ne voulons pas d’eux et ou si nous ne voulons pas de leur point de vu ? Pourquoi vouloir une chose et son contraire ?

Qu’avons-nous fait pour qu’il y ait une justice équitable dans nos Etats ? Rien ! Partout en Afrique les grands bandits et voleurs de la république ne sont jamais inquiété. Qu’avons-nous fait pour lutter contre l’impunité ? Rien ! Nos dictateurs africains, soit meurent au pouvoir ou ont un après pouvoir d’orée. Ils passent toujours entre les mailles des filés de la justice.

Les peuples d’Afrique souffrent de la mauvaise gouvernance de leurs présidents. Nos présidents règnent en main de fer nos Etats depuis des années. Nos pays sont à genoux, la corruption et le chômage des jeunes sont au zénith. La liberté d’expression n’existe pas dans beaucoup de pays. Des génocides, des guerres. Chaque année le nombre des journalistes incarcérés pour avoir d’énoncer la mal gouvernance et la mauvaise gestion du pays accroit.

Nous, africains, aimons nos dictateurs qui nous privent de l’eau potable. Nous aimons nos dictateurs qui nous privent de l’électricité. Nous aimons nos dictateurs qui nous empêchent l’accès à une éducation de qualité. Nous aimons nos dictateurs qui nous privent du pain pour notre survie. Nous aimons nos dictateurs qui nous mettent en prison, nous torturent. Nous les aimons tellement que nous trouvions normal quand ils nous tirent dessus dans les rues à balle réelle. Quand ils tirent sur les écoliers, les étudiants à balle réelle. Nous aimons nos dictateurs quand les opposants sont porté disparus. Nous aimons nos dictateurs jusqu’au point de recevoir d’eux une balle en pleine tête et mourir en « martyre ».

Nous, africains, aimons tellement El-Béchir qu’au lieu de l’appeler « génocidaire » pour son crime au Darfour, on préfère l’appeler « un homme fort » qui tient la tête à l’Occident.

Pourquoi faire semblant comme si ce qui se passe au Burundi nous choque ? Arrêtons de jouer aux hypocrites. Un Président, jeune encore, massacre sa population tous les jours. Sa motivation est simple : la course au pouvoir. Beaucoup d’africains ferment l’œil sur ce qui se passe dans ce pays, mais demain, lorsque la CPI prendra en main le dossier Pierre NKURUNZIZA, les « panafricanistes avérés » crieront « Quel acharnement sur nos présidents africains ? » Nous aimons Pierre NKURUNZIZA et nous aimons également la manière dont plusieurs burundais meurent tous les jours en ce moment.

Le « Rois du Sahel », a à son actif 25.000 morts. L’actuel président du Tchad battra-t-il le record de son prédécesseur Hissein Habré avec 40.000 morts ? Nous les aimons tellement pour leur bravoure d’avoir tuer autant de monde.

Si l’extradition de el Béchir avait réussit en juin dernier vers la CPI, et bien ça aurait été un avertissement pour les autres présidents africains. D’une part les Etats Africains signent beaucoup de traités internationaux (dont les statuts de la CPI) peut-être sans penser aux conséquences. Je ne nie pas le fait que la CPI ne s’occupe pas des bavures des Présidents occidentaux aux yeux de l’humanité, mais j’aurai aimé que l’extradition d’El-Béchir vers la CPI réussisse et le reste des dictateurs encore accrochés au pouvoir, ça servira de leçon aux autres présidents africains d’arrêter de tirer sur leur peuple. Parce que moi, je ne souffre pas du syndrome de Stockholm !

Deuhb Emmanuel

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